Michel CRESPY enseigne la sociologie à l'Université de Montpellier. Parallèlement, "La Gazette" de Montpellier lui offre depuis longtemps la rubrique au doux nom de PLUME. Cette plume qui dénonce le plus souvent. Voici, pour ceux qui n'auront pas lu le n°1167, Comment Sarko nous enfume :
"Voici comment les choses se passent. La cellule communication de l'Elysée, dirigée par Franck Louvrier, analyse les sondages et les études en profondeur sur l'état de l'opinion (faites chaque jour et jamais publiées).
Elargie à quelques conseillers discrets autour du Président, elle détermine alors des "éléments de langage": des fiches sur lesquelles figure le message à transmettre. Et surtout le wording: la liste des mots à employer et des mots interdits.
Interchangeable -
Par exemple en mettant en place un plan de rigueur, il ne faudra jamais employer le mot "rigueur".
Les augmentations d'impôts deviennent un "allégement des niches fiscales". Il n'y a jamais eu de pénurie de carburant, seulement des "difficultés logistiques".
Ces fiches sont transmises aux ministres et aux chefs de la majorité avec obligation de s'y tenir strictement. Les télévisions peuvent inviter n'importe lequel d'entre eux : ils sont absolument interchangeables et diront tous exactement la même chose avec le même vocabulaire, matraquant interminablement le même argument (exact ou non : si on répète sans cesse que l'Allemagne a un bouclier fiscal inscrit dans sa Constitution, ce qui est faux, tout le monde finira quand même par y croire).
La même -
Et c'est l'opposition qui donne une impression d'incohérence parce que ses leaders ont chacun leurs nuances.
D'un côté, on gagne du temps : quand on a écouté un ministre, on les a tous entendus. Plus sérieusement, cette communication figée remplace tout débat: quelle que soit la question posée, la réponse est la même avec les mêmes mots. Le psittacisme, ou langage répétitif et privé de sens des perroquets, triomphe sur les écrans. C'est dire pour qui on nous prend."
Elargie à quelques conseillers discrets autour du Président, elle détermine alors des "éléments de langage": des fiches sur lesquelles figure le message à transmettre. Et surtout le wording: la liste des mots à employer et des mots interdits.
Interchangeable -
Par exemple en mettant en place un plan de rigueur, il ne faudra jamais employer le mot "rigueur".
Les augmentations d'impôts deviennent un "allégement des niches fiscales". Il n'y a jamais eu de pénurie de carburant, seulement des "difficultés logistiques".
Ces fiches sont transmises aux ministres et aux chefs de la majorité avec obligation de s'y tenir strictement. Les télévisions peuvent inviter n'importe lequel d'entre eux : ils sont absolument interchangeables et diront tous exactement la même chose avec le même vocabulaire, matraquant interminablement le même argument (exact ou non : si on répète sans cesse que l'Allemagne a un bouclier fiscal inscrit dans sa Constitution, ce qui est faux, tout le monde finira quand même par y croire).
La même -
Et c'est l'opposition qui donne une impression d'incohérence parce que ses leaders ont chacun leurs nuances.
D'un côté, on gagne du temps : quand on a écouté un ministre, on les a tous entendus. Plus sérieusement, cette communication figée remplace tout débat: quelle que soit la question posée, la réponse est la même avec les mêmes mots. Le psittacisme, ou langage répétitif et privé de sens des perroquets, triomphe sur les écrans. C'est dire pour qui on nous prend."
We have the same situation in the United States. The White House has a daily news meeting. Representatives from the television networks and the larger newspapers and magazines are invited. When the session begins Mr. Gibbs says whatever the President or White House tells him to say. Then the reporters can ask questions. And Mr. Gibbs can only give answers he was given "if" a reporter asks that question on the list.
RépondreSupprimerThe other way is that television stations, like newspapers, have meetings to discuss what will be in the newspaper on the first page and what will be on television that evening. If, for example, I wanted to get the news about the recent election, I could get what we call "unvarnished" news by watching the BBC or some other newscast from some other country.
I call it the "wiggle of words" which pretty much describes our mutual problems.
Thank you Giulia for your expression of concern...our daughter has been seriously ill but looks now to be on the road to recovery. We'll be in Colorado for a bit longer, though.
RépondreSupprimerThis is a most interesting post and reinforces my understanding of political double-speak - it has little relationship to reality, and all about confusing issues so no one knows that the hell is going on!
Hope all is well with you.
Tu te lances dans la politique maintenant ? Alors il vaut mieux choisir Libé ou le Monde que la Gazette (vendue) :-))
RépondreSupprimerJe pense que tous les politiciens sont les mêmes sauf ceux qui sont pires comme dirait l'autre. La méthode décrite par Crespy est la même partout.
Crespy est écrivain.
http://www.autour-des-auteurs.net/fiches/crespy.html
Oui, je me lance!
RépondreSupprimerL'important est de savoir si c'est vrai ou pas! Si c'est vrai (et tu ne dis pas le contraire) je m'en étonne, je m'en indigne et je le dénonce.
Et puis, je n'étais pas au courant!!!! Ni pour la France ni pour les USA! Quelle ingénue, non ?
Bisous